Revue des technologies numériques pour le suivi des populations sauvages

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Revue des technologies numériques pour le suivi des populations sauvages

La perte de la biodiversité à l’échelle mondiale est une des grandes conséquences du réchauffement climatique. De plus en plus d’espèces sont classées en danger d’extinction, et ces espèces nécessitent d’être suivies et étudiées pour mieux être protégées. Or le suivi de populations sauvages soulève de nombreux problèmes : certaines espèces sont difficiles à suivre car elles bougent beaucoup, sont rares ou bien sont dures à repérer. Dans le cas de la mégafaune par exemple, il faut parfois faire de très longues distances pour repérer un seul individu. Ainsi, le suivi des populations nécessite aujourd’hui l’investissement de beaucoup de temps et d’argent.

Dans ce contexte, de plus en plus de nouvelles technologies font leur apparition dans les études de populations : en effet elles permettent la collecte de données sur de longues périodes, dans des lieux souvent isolés et difficiles d’accès. En octobre, dans le cadre du projet SmartWhale, des chercheurs de l’université d’Ottawa ont été les premiers à identifier des baleines de l’Atlantique Nord, particulièrement menacées, en utilisant des images satellites. En analysant 12 images satellites prises entre 2017 et 2019 autour de l’île de Baffin au nord du Canada, les scientifiques ont pu identifier près de 300 bélugas et plus de 100 narvals [1].

Avec l’arrivée des nouvelles technologies naît aussi la notion de « sciences participatives » : les bénévoles ne sont plus de « simples collecteurs de données ». Ils « orientent […] les questions » que se posent les chercheurs par la manière dont ils collectent les données [2]. Le rapport de force tend à s’inverser. De plus, la recrudescence des applications et dispositifs intégrés aux smartphones permet aujourd’hui à des naturalistes novices de « participer au recueil des connaissances tout en prenant la mesure des enjeux liés à la biodiversité ». Les sciences participatives ont donc ouvert la voie à de tous nouveaux outils de collecte des données à grande échelle.

En Nouvelle-Calédonie, un algorithme IA basé sur les réseaux sociaux a ainsi permis d’améliorer les connaissances sur le Dugong, une espèce de lamantin. En effet les grands animaux constituants la mégafaune sont souvent attractifs à prendre en photo : on appelle cela des « espèces charismatiques ». L’idée a donc été de collecter les nombreuses photos et vidéos de Dugong présentes sur les réseaux sociaux pour les ajouter au jeu d’apprentissage existant et entrainer l’algorithme IA à reconnaître l’animal. Ils ont pu ensuite tester l’algorithme sur des images aériennes prises par un avion. En ajoutant les vidéos et photos des réseaux sociaux, l’algorithme a gagné 20% de fidélité (est passé de 60% à 80% de précision) [3]. D’autres projets sont en cours pour faire de même sur les girafes et les éléphants.

Enfin, d’autres technologies, sont devenues incontournables aujourd’hui dans le suivi des populations : colliers GPS, pièges photographiques avec détecteur de mouvement, capteurs infrarouges etc… Ces nouveaux outils permettent d’aller plus loin dans la collecte et la valorisation des données afin d’améliorer les connaissances sur les populations animales et de renforcer les travaux de conservation des espèces. A titre d’exemples, un projet de caméras thermiques installées sur des drones a permis de mieux gérer les conflits qui peuvent exister entre villageois et animaux sauvages en Inde [4]. En Suède, une plateforme nationale, nommée Viltbild, a été créée en mai dernier afin de collecter et d’analyser des images issues de pièges photographiques. Cette plateforme a notamment pour but de faciliter l’inventaire national des grands prédateurs et à terme, d’aider les organismes environnementaux dans leurs actions de gestion des espèces de gibier. Enfin, les données collectées seront utilisées par le gouvernement suédois dans le but d’intégrer la surveillance de l’environnement dans les politiques nationales et européennes [5].

Les applications sont donc nombreuses, et l’intérêt pour ces nouvelles technologies ne cesse de grandir au regard de leurs atouts. Cependant, elles ne présentent pas que des avantages : en effet, l’apport bénéfique des données fournies par ces technologies dépend fortement de l’utilisation que l’on en fait. Pour reprendre l’exemple de l’utilisation d’images postées sur les réseaux sociaux par les scientifiques, ces images peuvent aussi être récupérées par des braconniers pour localiser les individus. Il convient donc d’être vigilant quant à l’utilisation de ces données, et à leur valorisation.

[1] :https://vancouversun.com/news/national/improving-satellites-offer-new-tool-for-whale-scientists

[2] :https://labo.societenumerique.gouv.fr/fr/articles/le-num%C3%A9rique-favorise-un-changement-d%C3%A9chelle-dans-les-sciences-participatives/

[3] : https://kids.frontiersin.org/articles/10.3389/frym.2022.828597

[4] :https://theprint.in/opinion/we-monitored-wild-elephants-leopards-in-villages-with-thermal-drones-first-time-in-maharashtra/1150526/

[5] : https://www.lechasseurfrancais.com/chasse/suede-lavenir-de-surveillance-de-faune-grace-aux-pieges-photos-videos-73647.html