L’adoption des nouvelles technologies dans le milieu agricole connait une croissance très importante depuis ces dernières années. De plus en plus d’entreprises s’intéressent à l’agriculture de précision et souhaitent s’insérer sur ce marché en proposant leurs matériels ou solutions numériques. Cependant, aujourd’hui, pour les producteurs et conseillers agricoles qui souhaitent utiliser plusieurs outils de différents fabricants ensemble, la tâche n’est pas aisée.

En effet, du fait du nombre de produits sur le marché et de la vitesse d’évolution fulgurante du matériel agricole, les utilisateurs doivent souvent faire face à des problèmes de compatibilités entre les différents systèmes qu’ils souhaitent utiliser.

Comme dans la plupart des industries, la production de nouvelles technologies doit être cadrée avec des standards, des normes, afin qu’elle profite au plus grand nombre d’utilisateurs et aussi afin que les entreprises puissent éventuellement coopérer sur certaines technologies complémentaires. L’agriculture de précision n’y a pas échappée. La norme ISO 11783 (Tracteurs et matériels agricoles et forestiers — Réseaux de commande et de communication de données en série) découle de cette volonté. C’est avec cette norme, que le protocole de communication ISOBUS, protocole universel de communication électronique entre outils, ordinateurs et tracteurs est aussi apparu. Pour faire simple, ce standard a pour but d’améliorer le confort des agriculteurs utilisant plusieurs outils sur son tracteur. En pouvant tous les connecter sur une seule console/écran, il va pouvoir simplifier grandement l’aménagement de cabine… Terminé les multiples écrans qui transforment les cabines en cockpit d’avion ! Enfin, est-ce réellement terminé ?

Lors de sa publication, les spécificités de ce protocole n’étaient pas assez claires et certains fabricants ont quand même commencé à produire du matériel en suivant cette norme. Les constructeurs se sont alors rendus compte que, une fois sur le terrain, les communications entre outils de différentes marques n’étaient pas vraiment mieux qu’avant et que si aucune action d’amélioration de ce standard était prise, le concept de tout acheter chez le même constructeur allait continuer.

Pour y remédier, l’AEF, « Agricultural Industry Electronics Foundation », a donc été créée en 2008. Le but de cette organisation indépendante est d’enrichir ce protocole et de le faire évoluer à mesure que la norme évolue, tout en apportant des lignes directrices complémentaires. De plus, l’AEF propose de nombreux tests et certifications afin que le constructeur ET le consommateur soient certains que la solution soit compatible avec d’autres matériels.

Aujourd’hui, plus de 200 fabricants de matériels agricoles et de solutions numériques, dont plus de 15 français, sont aujourd’hui partenaires de cette organisation indépendante et apportent tous leur vision afin de faire évoluer les communications entre outils agricoles dans la bonne direction et surtout dans une direction commune.

Cependant, contrairement à d’autres domaines, un même matériel agricole est souvent utilisé pendant de nombreuses années, de par la durée de vie importante de ceux-ci et de l’investissement important que l’agriculteur (ou ETA…etc.) doit mettre pour se l’approprier. Les problèmes de compatibilités avec les matériels non ISOBUS peuvent donc exister de par l’ancienneté de beaucoup d’équipements. De plus, ces problèmes existent aussi même sur les matériels récents car l’encadrement du protocole n’est pas encore parfait et aussi parce que beaucoup de constructeurs ne sont pas encore passé au 100% ISO. Certaines fonctionnalités d’un appareil peuvent ne pas être utilisables avec un autre équipement si l’on ne fonctionne qu’avec l’ISOBUS.

Ce standard semble s’installer progressivement sur le paysage de l’agriculture de précision dans le monde, notamment en grande culture. La vitesse d’arrivée de produits certifiés « ISOBUS compatible » est fortement accentuée par l’argument marketing important que représente la capacité de communiquer avec n’importe quel type de matériel. Il reste tout de même encore beaucoup à faire pour avoir des équipements 100% compatibles entre tous les constructeurs. Aujourd’hui, les solutions d’interopérabilité sont souvent faites au cas par cas par des techniciens et experts de l’agriculture de précision mais il faut espérer qu’au fil des années, ce protocole se démocratisera de plus en plus !

Pour plus d’informations sur l’ISO 11783 et l’AEF :

https://www.iso.org/fr/standard/39122.html

http://www.aef-online.org/the-aef/isobus.html

http://www.ouest.cuma.fr/sites/default/files/isobus_ce_qu_il_faut_retenir_0.pdf

https://www.terre-net.fr/materiel-agricole/travail-sol-semis/article/des-promesses-a-valider-210-89155.html