ChatGPT : on n’a pas pu s’empêcher de tester…

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ChatGPT : on n’a pas pu s’empêcher de tester…

Je profite d’une phase d’exploration de ChatGPT par l’un de mes collègues (François) pour associer le blog AgroTIC au cortège médiatique qui couvre ce sujet !

Surprenant, bluffant même, inquiétant aussi… ChatGPT ne laisse certainement pas indifférent. Il aiguise notamment la curiosité des enseignants, qui se tiennent déjà prêts à intégrer ce nouvel élément dans leur réflexion et leurs pratiques pédagogiques…

Pour ceux à qui cela aurait pu échapper, ChatGPT est une intelligence artificielle qui se présente elle-même ainsi :

ChatGPT est un modèle de langage développé par OpenAI. Il a été entraîné sur un grand corpus de textes en utilisant l’apprentissage automatique, ce qui lui permet de comprendre et de générer des phrases en langue naturelle. Il est capable de comprendre des questions et de fournir des réponses informatives, de générer des textes de différents types (comme des histoires, des articles, etc.) et de s’adapter à différents styles de langage. Il est utilisé pour des tâches telles que la génération de contenu, la traduction automatique, la réponse à des questions, l’analyse de sentiment et la compréhension du langage naturel. Il est l’un des modèles de traitement du langage les plus avancés disponibles aujourd’hui.

ChatGPT a été lancé le 30 novembre 2022 et a accumulé un million d’utilisateurs en cinq jours ! L’IA est susceptible de répondre dans une vingtaine de langues. GPT signifie« Generative Pre-trained Transformer » (« Transformateur génératif pré-entraîné »). 

Vous-même, avez-vous été curieux au point de le tester ? Si ce n’est pas le cas, sachez que pour utiliser le service vous devrez indiquer un mot de passe, une adresse mail, et… un numéro de téléphone portable (étape qui mérite réflexion).

Ce qui surprend en premier lieu est bien la capacité de ChatGPT à rebondir d’une question à l’autre : il y a donc bien un vrai effet de dialogue, avec une qualité de compréhension de maîtrise du langage naturel bluffante. Cela confère à l’IA un fort pouvoir de conviction.

Autre point intéressant : l’IA ne se contente pas de répondre strictement à la question mais elle pose un contexte, donne des exemples et, comme un enseignant peut le faire, donne des conseils sur la façon d’intégrer la réponse donnée dans un raisonnement plus global.

L’IA est particulièrement à l’aise sur des questionnements très précis, par exemple des questions informatiques. A la question suivante “Comment faire une régression puissance avec R ?” , l’IA répond en déroulant les différentes étapes et en illustrant par le code (qui peut ensuite être copié)

Puis après avoir illustré chaque étape, elle termine par un conseil : “Il est important de noter que la régression puissance est utilisée pour les données qui ont une distribution non-normale, pour les améliorer pour ensuite utiliser une régression linéaire. Il est nécessaire de vérifier les hypothèses de base avant de continuer avec l’analyse”.

Je joins ci-dessous un exemple plus détaillé. A noter : D’autres tests de François ont montré des aptitudes plus relatives quand il s’est agi de « jouer » avec certains concepts (ChatGPT s’est par exemple totalement égarée sur la notion de « contrepèterie », ou a créé des histoires prouvant par des incohérences qu’elle ne comprenait pas le récit produit…).

Le potentiel est immense, d’autant que comme pour toutes les IA, plus elle est utilisée, plus elle s’améliore. Cependant, comme tout outil, ChatGPT a évidemment des limites, limites que les utilisateurs (notamment les étudiants) doivent garder en tête…

  • Evidemment, il s’agit d’une intelligence ARTIFICIELLE : ChatGPT n’a donc pas d’affect, pas de sentiment ni même de vraie compréhension des notions qu’elle aborde. Elle opère “juste” un traitement statistique qui aboutit aux résultats les plus probables. Les résultats peuvent donc inclure des erreurs et l’utilisateur n’est pas informé du niveau d’incertitude (un message d’avertissement général sur le risque d’erreurs est toutefois désormais affiché lorsque l’on se logue).
  • Les informations sont non sourcées : elles ne peuvent pas être vérifiées.
  • Elles sont limitées aux corpus d’entraînement. Ainsi, actuellement ChatGPT ne se base que sur des données allant jusqu’à 2021. Aussi, comme toute IA, ChatGPT est “manipulable”. Ses résultats dépendent des données qui ont été mises à disposition pour son entraînement. La prochaine version est censée reposée sur un corpus 100 fois plus vaste …
  • Cela reste un programme, au sens où il est conçu par l’humain. L’IA peut être adaptée pour moduler des réponses à des questions contenant certains mots clés. Par exemple, pour éviter des réponses gênantes, non inclusives…

Aujourd’hui, les enseignants s’inquiètent à juste titre de l’utilisation de l’IA à des fins de triche . Inquiétude légitime qui pourrait amener certains à remettre à la mode le bon vieux devoir sur table avec uniquement papier et crayon autorisés.

A un niveau ingénieur, la question se pose certainement différemment puisque bien souvent, lors des évaluations, les « aides » (notes de cours, voire recours à Internet) sont autorisées. La compétence à acquérir est finalement peut-être de savoir poser la bonne question et en cela, le maintien du « fond technique », de la formation à la réflexion et à la prise de recul restent cruciaux.

De son côté, OpenAI affirme travailler sur de nouveaux prototypes permettant de rendre beaucoup plus difficile le fait de prendre une sortie de ChatGPT et de faire croire qu’elle provient d’un humain. C’est un enjeu important, car au-delà des problèmes de triches, il existe bien d’autres utilisations de ChatGPT pour des motifs crapuleux (phishing notamment).

Affaire à suivre donc… Aujourd’hui, on parle beaucoup de ChatGPT car son extraordinaire potentiel couvre un champ de compétences très large mais en réalité l’utilisation de l’IA est déjà partout, bien que souvent restreinte à des domaines plus spécifiques : IA pour réaliser l’expertise de votre voiture accidentée, IA pour générer du code informatique (Github copilote…), IA pour aider à gérer des équipes (Timely), IA pour débruiter des vidéos et autres signaux numériques, IA pour aider à la décision en agriculture…

On n’a pas fini d’en entendre parler… D’autant que si, aujourd’hui, aucun concurrent n’est aussi bluffant, ils sont déjà très nombreux sur le créneau…

Nathalie TOULON, François THIBERVILLE