Un article scientifique qui vient d’être publié dans la revue scientifique Livestock Science. Cet article est rédigé par des chercheurs français issus de divers instituts techniques (Idele, Ifip, Itavi, CA), de l’INRAE et VetAgroSup. Cet article est intéressant car il cherche à étudier comment l’élevage de précision affecte la nature et la fréquence des tâches quotidiennes des éleveurs, leur relation avec les animaux, leur bien-être ou leur mal-être au travail ainsi que le bien-être des animaux.

L’étude repose sur des enquêtes effectuées dans 25 élevages en France : vaches laitières, porcs naisseurs, poulets de chair. Ces exploitations étaient dotées de différents équipements (capteurs associés ou non à des robots). Les résultats de cette enquête ont été analysés de manière qualitative afin de mieux cerner les points de vue des éleveurs sur les différents sujets et, dans un deuxième temps, de manière quantitative (statistique) pour mettre en évidence d’éventuels profils d’éleveurs et de mieux comprendre la diversité des points de vue exprimés. Les résultats de l’étude montre que la plupart des éleveurs sont satisfaits de l’utilisation des nouvelles technologies (NT) ; leur travail devient plus facile et la gestion des animaux est améliorée. En utilisant les NT, les éleveurs décrivent une profession qui n’a pas fondamentalement changé mais qui implique de nouvelles tâches, de nouvelles compétences et une nouvelle organisation du travail quotidien.

Le grand apport de cette étude est d’avoir mis en évidence trois profils d’éleveurs. Profil A : les éleveurs qui considèrent qu’on ne peut pas parler de relation homme-animal dans leur exploitation et qui n’aiment ni toucher ni parler à leurs animaux. Le profil B qui associe une bonne relation homme-animal au bien-être des animaux. Le profil C qui est caractérisé par la place centrale occupée par les animaux et qui associe une bonne relation homme-animal à l’absence de peur de la part des animaux. Les agriculteurs motivés par les animaux (profil C) voient dans les NT une opportunité pour mieux considérer l’animal et son bien-être, tandis que les profils A et B trouvent des avantages techniques aux NT en relation avec l’amélioration de l’organisation du travail et la réduction de la pénibilité au travail indépendamment des animaux.

Les conclusions de cette étude montrent que les éleveurs disposent d’une certaine marge de manœuvre pour adapter l’usage des NT à leur motivation et à leur exploitation ; cela se traduit par exemple par la possibilité d’ajuster le degré de délégation de certaines tâches associées aux NT, ce degré de délégation et le niveau d’automatisation qui en résulte peut-être partiel ou total. Toutefois, certains agriculteurs ont exprimé des inquiétudes quant à la place des NT dans leur exploitation, par exemple le risque de perdre leur propre autonomie ou leur capacité à observer les animaux et à détecter les problèmes.